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Favoriser la pêche durable

Texte de Laurence Goubet
Photo de Paul Stefanaggi
Extrait du livre Le Goût de Nantes (tome 1)

Bon pour la santé, riche en protéines, vitamines et minéraux, le poisson est tellement apprécié que sa consommation par habitant a doublé en 50 ans. Dans l’Union européenne, les 3⁄4 des poissons consommés proviennent de la pêche, contre 1⁄4 issus de l’aquaculture. À l’échelle mondiale cependant, la pêche d’élevage représente un peu plus de la moitié de l’approvisionnement.

Quel est l’état des stocks de nos mers et de nos rivières ?

Si on a longtemps cru qu’il était impossible d’épuiser les ressources de nos océans, de nombreuses études menées ces vingt dernières années ont montré que près de 40 % des espèces marines sont menacées ou en voie de disparition. Et du côté de nos lacs et rivières, c’est 1 espèce sur 5.

Si la chute de cette biodiversité est en partie inhérente au changement climatique et à la pollution des eaux, la progression de l’industrie de la pêche au cours des 50 dernières années, associée à des pratiques non durables, est également à mettre en cause.

Aujourd’hui l’état des stocks est variable selon les régions et les espèces et ne cesse d’évoluer. Grâce aux mesures de régulation et de quotas mises en place ces dernières années, certaines espèces (telles que le thon rouge ou le hareng) se portent mieux. Leurs stocks ont été suffisamment reconstitués pour que l’on puisse en recommander de nouveau l’achat.

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Que signifie la pêche durable ? 

Il existe plusieurs associations et ONG comme Bloom, Ethic Océan ou le WWF qui communiquent sur les recommandations de consommation et valorisent les pratiques d’une pêche durable.Pour cela, ils prennent en compte l’état des stocks de chaque espèce par lieu de vie, la saisonnalité et les cycles de reproduction, la taille des poissons capturés ainsi que les techniques de pêche qui, pour les plus intensives (pêche au chalut) détruisent profondément les écosystèmes marins.

Ces mêmes labels se préoccupent aussi des enjeux humains en s’intéressant aux conditions de travail sur les bateaux et à la juste rémunération des pêcheurs.

40% des espèces marines sont menacées ou en voie de disparition.

Faut-il favoriser les poissons d’élevages ?

Il convient de vérifier les techniques de pisciculture, qui sont bien souvent néfastes pour l’environnement et s’appuient notamment sur la production de farine de poissons issus de la pêche intensive et minotière. Les petits pélagiques sauvages pêchés et utilisés en grande quantité pour ces farines sont par ailleurs des proies indispensables pour les prédateurs et constituent, par conséquent, un élément essentiel de la chaîne alimentaire marine.

Quels poissons faut-il consommer ?

Par le choix d’une pêche durable, vous serez amenés à diminuer et à diversifier votre consommation, et empêcher ainsi le rejet en mer de millions de poissons en valorisant la filière responsable. Bien que des lois soient passées à l’échelle européenne pour empêcher le rejet en mer des prises aléatoires, l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture considère que ce sont 35 % des espèces pêchées qui sont gaspillées, car non commercialisées.

Par le choix d'une pêche durable, vous serez amené à diminuer et à diversifier votre consommation.

De plus, selon le WWF, la France importe près de 85 % de sa consommation annuelle de produits de la mer quand ses côtes sont si riches en biodiversité marine. Chinchard, tacaud, plie, cardine, congre, mulet noir… sont autant d’espèces actuellement non menacées, encore peu présentes dans nos assiettes et qui présentent pourtant un grand intérêt gustatif.

Comment reconnaître un poisson issu de la pêche durable ?

Il n’existe aujourd’hui aucun label fiable et largement diffusé qui garantit que votre poisson provient d’une pêche durable (le label MSC est notamment critiqué par le WWF).

La meilleure façon de vérifier la qualité de votre achat consiste à favoriser les circuits courts et les petits commerces afin de pouvoir interroger votre poissonnier sur ses modes d’approvisionnement, les techniques de pêche utilisées (privilégiez la pêche à la ligne ou au casier), la taille des bateaux et la provenance de ses poissons (privilégiez les pêches côtières).

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