- Posted: 25 janvier 2020
- Tags: Agriculture, Décryptage, Maraîchage, Permaculture, Quesaco
Permaculture – Mise en œuvre
Textes de Laurence Goubet
Photos de Paul Stefanaggi
à la Micro-Ferme de la Butte à Maisdon-sur-Sèvre (44)
Comme nous l’évoquions ici, la permaculture est une science systémique et globale. Ce n’est pas une théorie figée mais bien un « mode d’action », qui prend en considération les spécificités de chaque biotope où s’inscrit chaque projet.
Ainsi malgré la connaissance scientifique qui s’affine au fur et à mesure des années, en permaculture, aucune règle n’est fixée quant aux espèces à cultiver et aux techniques exactes à appliquer.
Il s’agit plutôt d’une méthode de mise en pratique (aussi appelée design) visant à mettre avec une grande humilité, l’intelligence humaine au service du projet.
Le zonage
En matière de maraîchage, la permaculture ne se concentre pas sur le seul jardin nourricier, mais y inclut aussi le jardin ornemental et entend que chaque micro-écosystème doit appartenir à un macro-écosystème et donc connaître, dans la mesure du possible, la proximité de vergers, de pâturages, de forêts et d’espaces sauvages autour de l’exploitation maraîchère.
Ainsi une méthode répandue est celle du zonage, c’est à dire la répartition géographique des éléments qui composent le projet en tenant compte de la fréquentation, des priorités et des besoins humains afin d’optimiser les zones d’interventions et surtout de respecter les zones de non-intervention
Autour de la zone centrale (l’habitat) gravitent d’autres zones. Au plus près, on trouve tout ce qui va demander un maximum d’attention et d’interventions : les semis, les plantes aromatiques et condimentaires, le potager, puis le verger, la basse-cour, les ruches. Un peu plus éloigné on trouvera les zones de grandes cultures, les céréales, puis le pâturage, le taillis, le bois jusqu’à arriver aux zones sauvages où l’homme n’intervient pas du tout.
Imaginez-le à la taille d’un village et vous comprendrez que cette méthode permacole existait bien avant d’être théorisée.
Et puisque en matière d’urbanisme, nul ne contredira qu’une ville ou un village ne détient sa viabilité économique et son autonomie que grâce à la présence en périphérie de zones de plus en plus sauvages (forêts, mer…) et nécessitant le moins d’intervention humaine, il en va de même pour une ferme.
La méthode OBREDIM
Complémentaire à la méthode de zonage, la méthode applicative dite « OBREDIM », acronyme anglais pour Observation, Boundary (limite), Resource, Evaluation, Design (conception), Implementation (mise en œuvre) et Maintenance répond aussi à la philosophie de la Permaculture.
- L’observation, comme évoquée est essentielle et continue. Elle se concentre sur la faune et la flore et prend notamment en compte la typicité de chaque contexte et considère ses multiples facteurs : climat, caractéristiques géologiques, qualité du sol, altitude, ensoleillement, vents, pluviométrie, températures…
- Les Limites et les Ressources viennent quant à elles prendre en compte tant les ressources et limites naturelles, matérielles, immatérielles et humaines inhérentes au projet (déchets, énergie, eau, relief, finances, moyens humains et animaliers…)
- L’Évaluation est l’étape qui analyse à partir des observations faites en amont les les besoins et les objectifs
- La Conception est la mise en pratique théorique et créative des éléments identifiés et choisis
- La Mise en œuvre est la réalisation concrète du projet, souvent d’abord à petite échelle
- La Maintenance, enfin, est l’action constante et minimale de l’homme pour ajuster le projet si nécessaire, de manière créative
Ces 7 actions ne sont pas chronologiques et telle la philosophie de la permaculture, il faut considérer la démarche comme une boucle sans fin. Chaque nouvelle idée, chaque nouvelle ressource, chaque nouvelle observation, chaque nouvel acteur amènent la nécessité de reconsidérer chaque étape et de pouvoir répondre de façon créative au changement.
Transmettre
Les librairies ne comptent plus les livres sur le sujet et Internet regorge de vidéos, de forums et de blogs où chacun s’essayant aux méthodes permacoles partage son expérience et ses expérimentations.
Cette mutualisation des observations est un des fondements de la permaculture, qui ambitionne de développer une connaissance collective de plus en plus encyclopédique.
Ainsi bon nombre de fermes permacoles ont fait le choix de développer des activités pédagogiques et des temps de rencontres afin de créer du lien entre producteurs et consommateurs et de fidéliser un public toujours plus large qui s’intéresse aux fondements de ces modes de production.
Ce qui est certain c’est que si cette science est loin d’être omnisciente, sa philosophie séduit une population de plus en plus sensible aux questions écologiques, en quête d’une nouvelle agriculture pérenne et respectueuse du vivant et qui découvre là que l’abondance n’est plus la chasse gardée de l’agro-business.
Découvrez dans cet article l’exemple de la Micro Ferme de la butte installée sur 1,5 ha à Maisdon-sur-Sèvre (44).