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Vivien d’Anjou, légumineuses et polyculture

Parmi ces diverses actions, l’association Les Bouillonnantes organise des visites de ferme et temps d’échanges entre les Chefs du bassin nantais et les paysans et artisans de la région. Nous vous racontons ici ces rencontres.

Date : 23/03/2021
Texte : Evaine Merle

Photographie : Paul Stefanaggi

C’est sur le village de Soudan, entre Pouancé et Châteaubriant, qu’Hervé Hunault et Thierry Chantebel, cousins, élèvent depuis près de 20 ans des vaches de race Rouge des Prés pour leur viande. Sur les 180 hectares de terres que compte la ferme, à cheval entre les départements de Loire-Atlantique et du Maine-et-Loire, ils cultivent également des céréales et légumineuses labellisées biologiques et pratiquent ainsi un modèle vertueux de polyculture

Produire une alimentation riche en nutriments

Quatrième génération d’agriculteurs de la famille à fouler ces terres, les deux hommes commencent, en 2004, par vendre de la viande bovine dans les circuits classiques : boucheries conventionnelles et supermarché. Jusqu’au jour du déclic. Des investissements monstrueux, un marché peu valorisant et de nombreuses lectures sur le régime crétois leur font abandonner le tourteau industriel qui nourrissait leurs animaux pour une alimentation de qualité, riche en oméga 3. Ils produisent alors du lin et de la luzerne et rejoignent dès le début le mouvement Bleu Blanc Coeur.

Peu après, Hervé, devenu papa, se rend compte de la mauvaise qualité des aliments consommés à la cantine par ses enfants. Deuxième déclic. Il décide de proposer sa viande à la restauration collective et part à la recherche de chefs qui achèteraient les pièces de premier choix des bêtes de la ferme, « les gens avaient besoin de bio» dit-il par ailleurs.

Une ferme en polyculture

En 2018 la ferme Vivien d’Anjou passe entièrement en bio et vend exclusivement ses produits à travers les circuits courts. La nourriture des animaux est entièrement produite à la ferme depuis. Les veaux, élevés sous la mère, sont vendus à 9 mois et gambadent en extérieur à longueur d’année, sur l’une des 50 parcelles. Bovins, céréales et légumineuses, permettent une rotation des cultures sur 10 ans. « C’est la force de l’exploitation » nous dit Thierry, fier d’avoir recréé un cycle vertueux pour l’environnement sur ces terres longtemps cultivées de manière conventionnelle. Ainsi, les vaches, qui enrichissent les parcelles, succèdent aux différents végétaux, en alternant cultures de printemps et cultures d’automne.

Lors de notre visite on découvre dans l’un des champs un mélange de pois associé à de l’orge brassicole semé deux semaines plus tôt, l’azote apporté par le pois profite à la graminée, les cultures s’entre-aident, ce qui évite la chimie. Le pois, récolté encore vert (tel que le veut le consommateur, alors que sa pleine maturité l’amène à devenir jaune), sera trié trois fois après récolte pour éviter certains nuisibles qui s’en délectent.

Dans la grange, un trieur à grain tamise les différentes graines, qui passent par la suite au séchoir. Les plus abîmées sont écrasées pour nourrir les animaux de la ferme. Les graines seront ensuite décortiquées au fur et à mesure de l’année pour une meilleure conservation.

Chez Vivien d’Anjou, on trouve également des ruches, celles d’un apiculteur voisin. Elles leur font gagner environ 10% en rendement sur la culture du colza, transformée en huile par la Safranerie au Tremblay

Une grande diversité de légumineuses

Fiers de la diversité de leur gamme, Hervé nous emmène dans la petite boutique qui sert occasionnellement et nous présente sa large gamme dont il maîtrise les bienfaits nutritionnels : pois chiche, haricots blancs, pois cassés, 3 sortes de lentilles (vertes, beluga et corail), avoine, lin brun et lin doré, graines de soja, et même du sarrasin.
S’il y a un produit qu’Hervé met en valeur, c’est le lupin, produit encore méconnu du grand public et même des Chefs, auquel il croit dur comme fer pour ses apports en protéines et en omega 3, que sa femme transforme en tartinade aux légumes de saison et que nous avons eu la chance de déguster.

Tandis que les Chefs s’interrogent sur cette découverte, à la ferme, on bouillonne déjà d’envie de tester de nouvelles cultures. Hervé et Thierry expérimentent 1 ou 2 nouvelles espèces par an et vont ainsi prochainement s’essayer à la culture des haricots rouges et noirs.

Cette culture paysanne diversifiée leur permet de créer un cercle vertueux et de re-localiser la production de légumineuses et de céréales de qualité, encore trop souvent importées.

+ d’infos : www.vivien-danjou.fr