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La Ferme du Moulin et ses Terres Bleues

Parmi ces diverses actions, l’association Les Bouillonnantes organise des visites de ferme et temps d’échanges entre les Chefs du bassin nantais et les paysans et artisans de la région. Nous vous racontons ici ces rencontres.

Date : 23/03/2021
Texte : Evaine Merle
Photographie : Paul Stefanaggi

En approchant de la Ferme du Moulin, dans cette campagne du pays castelbriantais où le calme règne, on aperçoit sur la gauche de magnifiques cochons aux longues oreilles qui leur couvrent les yeux. Puis on tourne la tête pour apercevoir les brebis qui paissent dans les pairies.
Et au loin, quelques vaches.
Dans le corps de ferme, nous sommes accueillis par Michel, nouvellement à la retraite. Le genre grand gaillard qui en impose jusqu’à ce qu’il nous accueille de son large sourire.

Une ferme autonome

À La Chapelle-Glain, ils sont 5 associés à entretenir les 120 hectares de terres que compte la ferme : Michel, son fils Thomas, Jean-Luc, Anäis et Vincent le boulanger.

Michel nous emmène voir les cinq truies Longué et leurs petits, une race de la fin du XIXeme siècle née dans le Maine et Loire, aujourd’hui menacée. C’est un de ses amis qui a redémarré la race, ça l’a convaincu. « C’est vraiment le contre exemple du porc industriel, là il nous faut minimum un an pour faire un cochon gras » nous dit-il. 
Bien que cette race rustique soit quelque peu moins grasse que son cousin le Porc Blanc de l’Ouest, Michel en apprécie la finesse de la chair.
« Le cochon c’est pas du porc ». Ses bêtes à lui sont élevées en plein air, profitant si elles le souhaitent de petits abris qui protègent les porcelets des renards et sont nourries exclusivement des productions de la ferme à commencer par le lactosérum résultant de la fabrication des fromages de brebis, mais aussi des restes de pain et d’un mélange céréalier. « On n’achète absolument rien ».
Du côté des ovins, les 5 associés élèvent des Solognotes, une race à viande, elle aussi, menacée. Et des Lacaunes dont ils transforment le lait en de délicieux fromages.
Les vaches, des jersiaises, sont arrivées avec Jean-Luc, ancien éleveur laitier et associé de la ferme. Elles ont été gardées comme vaches nourricières et élèvent chacune environ trois veaux par an « ça fait une viande très goutûe, très tendre avec un gras jaune ».
Pour compléter les activités du lieu, 300 kg de pain sont panifiés chaque semaine avec les variétés paysannes de blés produites à la ferme.

Paysan engagé

Avant d’être éleveur bio (depuis 1998), Michel travaillait dans l’élevage industriel de poules. Aujourd’hui la Ferme du Moulin, c’est tout l’inverse. Les animaux sont élevés en extensifs et ne connaissent aucune nourriture industrielle. Et tous les produits sont vendus en direct, via les marchés, les AMAP et aux professionnels.

À l’aube de la retraite, il ne semble en aucun cas regretter ses choix et se réjouit de voir une nouvelle génération lui succéder.
« D’ailleurs vous savez quel est le montant de la retraite d’un paysan ? À peine plus de 800€ ! » nous avoue-t-il.

 

Les Terres Bleues

De retour dans le corps de ferme, son épouse Xavière, vigneronne, nous rejoint à son tour.
Il faut l’écouter parler avec passion de ses vignes ! En sortant les verres à vin, elle nous raconte sa reconversion professionnelle, la plantation de ses vignes entre 2013 et 2014 puis son installation en 2018, année où Les Terres Bleues sont nées.
Pourquoi ce nom ? Un hommage à ses terres « en surface on a du limon et du quartz. Quand on va plus profond, on est sur des schistes altérés, c’est comme des argiles bleu ciel, d’où les terres bleues ». Seule vigneronne sur ce territoire, elle cultive en biodynamie du pinot noir, pinot gris et du grolleau, 3 cépages qu’elle a choisi car adaptés au terroir. « Je place l’écologie au premier plan » dit-elle en remplissant nos verres. Elle travaille au rythme de la lune et suivant les principes de ma biodynamie, elle utilise les plantes pour renforcer la vigne. Ici, ni rognage ni écimage des pieds de vigne « l’idée c’est de la laisser faire son cycle végétatif complet, pour alimenter en sucre les raisins ».

« Allez y, dégustez le fromage » nous dit Michel. Un grand plateau de fromages de brebis au lait cru nous attend. Et comme par magie ceux-ci s’accompagnent parfaitement du pinot gris de Xavière qu’elle vient tout juste de tirer des cuves. Sous les rayons du soleil printanier, les uns et les autres dégustent ces fromages au goût prononcé et d’une onctuosité folle tandis que Thomas les brebis s’en vont à la traite. Cette Ferme du Moulin est indéniablement un lieu ou il fait bon parler bien manger et respect de la biodiversité.