Il mettra dix ans à constituer un troupeau de 50 vaches allaitantes. Elles sont rares les Nantaises !
Rustiques et adaptées aux sols humides, les vaches nantaises trouvent leur place sur ces terres classées «Natura 2000» (réseau de gestion de sites naturels et semi-naturels présentant un intérêt faunistique et floristique important) sur les zones de pâturages qui juxtaposent les marais. Certaines vaches meuglent, deux veaux n’ont pas réussi à traverser avant que la marée ne remonte ce matin, ils sont encore de l’autre côté des pâtures. D’ailleurs, Benoît nous le confie, il ne s’imaginait pas regarder les marées chaque jour en devenant éleveur. C’est ce lien étroit entre le territoire et l’animal qui façonne son quotidien. La Nantaise s’est imposée à lui : une race locale, ça faisait sens. Alors certes elle est moins productive que les races adoubées des industriels, mais le système 100% herbe que permettent les terres et sa croissance lente donnent une viande avec plus de mâche, plus authentique, dit-il.
Il faut faire connaître et reconnaître cette vache. Nantes a une race à son nom, quelle chance !
Benoît est impliqué dans plusieurs structures : à la Confédération paysanne (syndicat agricole) d’une part et puis à La Vache Nantaise, association initiée par plusieurs éleveurs dont Laurent Chalet qui œuvre au développement de cette race, et qu’il préside. À terme, il aimerait aider des jeunes paysans à s’installer en vache Nantaise. Et la ramener en ville. Faire une passerelle entre les milieux ruraux et urbains, à l’image des « paysages nourriciers» (potagers qui ont couvert les parterres nantais à l’été 2020, initialement à destination des populations précaires de Nantes), pour sortir d’une agriculture en ville plus contemplative que productive. Sensibiliser et relocaliser la consommation, c’est ça qui l’intéresse.